Extrait du mémoire de DIU Ethique et pratique médicale

Proposition de communication Dr Frédérique GIGNOUX-FROMENT – HIA Laveran – Marseille

L’objet de ce travail est né d’un double constat : celui de la vulnérabilité physique des patients souffrant de pathologie mentale et du manque de prise en charge somatique par les soignants. Les données récentes de la littérature rapportent l’existence de nombreuses comorbidités somatiques chez les patients atteints de pathologie mentale telles que des troubles cardiovasculaires, une forte prévalence de syndrome métabolique ou de diabète pour ne citer que les plus fréquentes d’entre elles.

Depuis plusieurs années, les somaticiens se sont intéressées à cette problématique et ont été à l’initiative de recommandations pour l’amélioration de la prise en charge somatiques des patients souffrant de pathologie mentale1.

Ainsi, les autorités scientifiques recommandent l’amélioration des pratiques actuelles : les procédures d’accréditations des établissements de santé englobent la prise en charge somatique des patients et tout patient hospitalisé doit bénéficier d’un examen clinique somatique complet.

Alors que les patients atteints de pathologie mentale ont pendant longtemps été traités en dehors du système de santé général : dans des centres spécialisés au sein de structures dédiées à la psychiatrie (de par l’institutionnalisation puis la sectorisation), il est nécessaire aujourd’hui de repenser la prise en charge globale de ces patients dans un système de soins de plus en plus fragmenté et surspécialisé.

Le psychiatre, souvent principal interlocuteur de ces patients, occupe une place centrale dans leur prise en charge somatique mais comment articuler son action ?

En tant que médecin, il doit pouvoir réaliser lui même cet examen2, mais ce n’est bien souvent pas le cas. Quelles raisons peuvent expliquer leurs réticences ? Ont-elles un fondement éthique ? Existe t il des situations particulières nécessitant une mise à distance du corps du patient3,4 ? Comment le psychiatre peut-il articuler son action avec les somaticiens ? Le risque n’est-il pas de fragmenter les soins et de ne plus considérer le patient comme un être unique mais nécessairement objectivé par les différents intervenants5,6,7,8?

Nous tenterons dans notre travail de discuter les différentes positions éthiques et proposerons des axes de réflexion pour réaffirmer la responsabilité éthique du psychiatre dans la prise en charge des soins somatiques des patients atteint de pathologie mentale.

  1. Saravane D, et al. Élaboration de recommandations pour le suivi somatique des patients atteints de pathologie mentale sévère. Encéphale (2009),doi:10.1016/j.encep.2008.10.008.
  2. Paysant F. Extrait du power point « Droit et devoir du médecin», UE7-Santé société humaine –Société, droit et vieillissement. Université Joseph Fourier Grenoble, année universitaire 2010/2011
  3. André P, Bénavidès T, Giromini F. Corps et psychiatrie, 2ème édition révisée et augmentée. Edition heures de France. 2004
  4. Delion P. Le corps retrouvé : franchir le tabou du corps en psychiatrie. Rapport introductif journées de la Société de l’Info psy Lille, 2008.
  5. Grisso T, Appelbaum PS (1995) Abilities of patients to consent to psychiatric and médical treatments. The Mac Arthur treatment competence study. III. Law and human behavior, 19 (2)
  6. Sessums LL, Zembrzuska H, Jackson JL. Does this patient have medical decision-making capacity? JAMA. 2011; 306:420-427.
  7. Edward Etchells, Peteris Darzins et al. Assessment of patient capacity to consent to treatment. J Gen Intern Med. Jan 1999; 14(1): 27–34.
  8. Parsons T. Éléments pour une sociologie de l’action. La pratique médicale moderne. Paris: Plon; 1955. p. 197 – 238